La vie après la mort (II)
L’aveu
Nicolas arriva alors qu’abruti par la fatigue et par un somnifère, je dormais, naviguant entre d’affreux cauchemars. La police venait me sortir du lit en m’accusant d’être un meurtrier, la garde à vue se prolongeait, un juge d’instruction me mettait en examen et j’étais écroué – et tout cela se passait d’abord presque rationnellement, puis de plus en plus follement. Plus tard dans la nuit, je me réveillai en sursaut. J’avais entendu Cécilia Maillart m’appeler. Ce qui me réveilla très précisément, c’est la constatation que je me fis en dormant. Comment veux-tu qu’elle te parle, elle est morte? Je devais rêver le contraire.
Je me suis levé tôt. Anne-Lou et Alexandre étaient déjà debout et ils n’avaient pas dû dormir beaucoup, puisque Nicolas était allé se coucher à trois heures du matin. Nous étions dans la cuisine de la Maison Claire. Nous nous sommes assis tous les trois. Alexandre versa du café dans nos tasses.
– Je voulais vous préciser les circonstances de sa mort, dis-je.
Je me sentais misérable de tergiverser. Le plus simple et le moins odieux était de raconter, de raconter tout depuis les pâtes aux tellines, dans un ordre strictement chronologique.
– Alors j’ai forcé la dose. Voilà. J’ai forcé la dose. Je ne sais plus si j’ai bien fait, mais je l’ai fait. En fait, c’est moi qui l’ai tuée. Je voulais aussi respecter sa décision, c’était tellement évident, mais c’est moi qui l’ai fait.
– Tu n’avais pas le droit, dit la voix de Nicolas, en chaussons, à la porte de la cuisine.
Nous avons sursauté tous les trois. Personne ne l’avait entendu arriver. Il a ajouté:
– Je ne sais pas ce qui me retient de te casser la gueule.
– Arrête de dire des conneries! interrompit Anne-Lou. Maman voulait mourir ici. C’est même écrit dans la lettre qu’elle m’a laissée.
– Il y a une lettre aussi pour toi, dis-je à Nicolas. Je vais aller te la chercher.
– Tu n’as même pas eu le courage de me le dire en face, asséna-t-il.
– Je te l’aurais dit en face. Tu comprendras que je ne peux pas le crier sur les toits…
– Ah ça fatalement! Monsieur le maire a piqué sa femme comme un chien!
– C’est clair que si tu vas raconter tout ça à la police, cela va faire un beau scandale, ai-je dit.
– C’est Maman que tu insultes, Nicolas, dit sa sœur, réfléchis. Tu veux faire quoi? Du mal à Thomas? Et après? Tu te sentiras mieux? Réconcilié avec qui, avec quoi? Pas avec Maman, en tout cas!
– Je ne veux rien faire du tout et je n’irai pas le dénoncer, je ne suis pas un cafard. Pas plus que ton beau-père n’est un héros.
– As-tu réfléchi ne serait-ce qu’une minute à cet incroyable fardeau que Maman lui a collé sur le dos en débarquant ici pour mourir parce qu’elle n’avait pas pu y vivre? Tu sais quand même combien parfois Maman pouvait être égoïste!